Fragments

Fleur de vie

« En ce temps rien n’avait sa forme définitive. Tous les éléments étaient en guerre. Dans le même corps le froid luttait contre le chaud, le sec contre l’humide, le dur contre le mou, le lourd contre le léger. Un dieu mit fin à cette lutte. Ce dieu sépara le ciel de la terre, la terre de l’eau et dégagea le pur éther de l’air grossier. Ainsi naquit la terre. »

« Io s’était mise à courir. Jupiter recouvrit aussitôt la terre d’une épaisse couche de nuages …et l’obscurité devint telle qu’elle arrêta la nymphe dans sa fuite. Le roi des dieux put aimer Io tout à son aise… Junon savait à quel point jupiter était volage..Elle se laissa glisser de son palais céleste sur la terre et donna l’ordre aux nuages de se disperser. Heureusement le maître des dieux avait déjà métamorphosé Io en vache…. »

« Soudain Icare, tout à la joie de voler, abandonne son guide et s’élève, seul, vers les hauteurs du ciel. La chaleur du soleil fait fondre la cire qui fixe ses plumes. Icare perd ses ailes. Il agite en vain ses bras nus. Il ne trouve plus d’appui dans l’air.et sa bouche crie encore le nom de son père, quand l’eau d’azur l’engloutit… »

« Les deux époux montèrent en silence un sentier escarpé dans le brouillard et dans l’obscurité. Ils étaient sur le point de quitter les Enfers et de fouler enfin la terre, quand Orphée, impatient de voir celle qu’il aimait, craignant qu’elle ne lui échappât, tourna vers elle des yeux pleins d’amour. Aussitôt Eurydice recule, comme tirée en arrière….puis elle retombe dans l’abîme d’où elle était sortie.. »

« Il aimait sans comprendre que cet être, c’était son propre reflet. Couché sur la rive, il lui donnait des baisers, il plongeait ses bras dans l’eau pour l’enlacer. Pauvre Narcisse ! Fol enfant ! Pourquoi t’entêter à saisir une image ? »